Voici ce que l'on trouve dans les pots d'épices et d'herbes aromatiques vendus en supermarché

Ils parfument nos plats et se vendent parfois plus cher que le caviar. Mais derrière leur apparence inoffensive, les épices et herbes aromatiques que l'on achète en supermarché réservent parfois de mauvaises surprises.
Les Français raffolent des épices. En dix ans, leur consommation a bondi de 30 %, plaçant l'Hexagone au troisième rang européen, juste derrière l'Allemagne et la Belgique. Poivre, curry, cannelle ou herbes de Provence : ces produits séduisent autant pour leurs qualités gustatives que pour leur rôle dans la réduction de l'usage du sel. Mais cette ion a un revers peu appétissant, comme le montre l'enquête publiée en mai 2025 par le magazine 60 Millions de consommateurs, qui a analysé quarante références vendues dans la grande distribution.
Premier constat : les résidus de pesticides sont omniprésents. Les herbes de Provence, pourtant souvent achetées avec le Label Rouge en gage de qualité, sont les plus touchées. Certaines références testées contiennent jusqu'à sept substances différentes, dont plusieurs interdites dans l'Union européenne. Certes, le label garantit un bon niveau d'arômes, mais pas l'absence de traitements chimiques. Quant aux poivres noirs, deux tiers des échantillons analysés contiennent entre un et cinq résidus, dont l'imidaclopride et le thiaméthoxame, deux substances proscrites en Europe.
Au-delà des pesticides, l'enquête a révélé la présence de corps étrangers inattendus. Fragments d'insectes, poils de rongeurs, plumes d'oiseaux, voire morceaux de plastique ou de métal : ces éléments, bien que sans danger sanitaire selon les experts, ont de quoi écœurer. La cannelle et les herbes de Provence sont les plus concernées. Un pot de cannelle de 50 g testé contenait jusqu'à 570 fragments d'insectes. Même les produits bio ou Label Rouge ne sont pas épargnés : en l'absence de traitements insecticides, la contamination semble difficile à éviter.

Certains fabricants utilisent également des ingrédients bon marché pour gonfler artificiellement le poids de leurs produits. C'est ce qu'on appelle des substances de charge. L'amidon de pomme de terre, par exemple, est utilisé dans plusieurs currys, parfois dès les premiers ingrédients listés. Sur certaines cannelles bon marché, les teneurs en amidon atteignent des niveaux anormalement élevés, suggérant un appauvrissement du produit d'origine.
Autre enjeu : la qualité aromatique. Elle dépend essentiellement de la teneur en huiles essentielles. Mais là encore, les écarts sont importants. Certaines herbes bio n'en contiennent que 0,7 %, bien loin des 3 % observés dans les références Label Rouge les plus soignées. Le poivre n'échappe pas à ces disparités : seules trois marques déent les 2,3 % d'huiles essentielles, seuil jugé satisfaisant. Un détail qui compte lorsqu'on recherche la puissance d'un vrai poivre fraîchement moulu.
Pour limiter les mauvaises surprises, les spécialistes recommandent de privilégier les épices entières, à moudre soi-même. Cela permet non seulement de préserver les arômes, mais aussi d'éviter certains mélanges douteux. Comme le conseille 60 Millions de consommateurs, il faut bien lire les étiquettes, car tout n'est pas toujours indiqué clairement sur ces petits pots en apparence anodins, qui valent parfois plusieurs centaines d'euros le kilo.