Grok : faut-il craindre l'IA générative d'Elon Musk qui s'informe sur X (Twitter) ?

Elon Musk vient de dévoiler Grok, son IA générative destinée à concurrencer ChatGPT, que le milliardaire considère comme trop woke. Le chatbot a la particularité de se nourrir exclusivement des données de X. Voilà qui promet !
Après avoir vigoureusement alerté sur les dangers de l'IA générative et essayé de bloquer son développement, Elon Musk avait très vite annoncé son intention de concurrencer Elon Musk aura la spécificité d'être la seule IA connectée en temps réel aux données de X (anciennement Twitter). Ce qui laisse craindre le pire pour la suite…
Grok : une IA sarcastique avec un accès à X en temps réel
Elon Musk n'est pas un novice dans le domaine de l'IA puisqu'il avait déjà cofondé OpenAI en 2015, avant de quitter la start-up en 2018, à la suite d'un conflit d'intérêts et d'une vision des choses différente – il trouve l'entreprise trop "woke" et l'accuse de faire mentir son IA avec les restrictions imposées à l'algorithme. Autant dire que Grok va remprunter un chemin radicalement différent, pour le meilleur et pour le pire ! Pour répondre aux questions de ses utilisateurs, l'IA s'appuie sur les données de X en temps réel. Pour Elon Musk, il s'agit d'"un avantage majeur sur les autres modèles", qui se limitent bien souvent à une base de données restreinte – la version gratuite de ChatGPT n'a pas accès aux informations apparues sur Internet après septembre 2021 par exemple. Pour illustrer son propos, Elon Musk a demandé à Grok quelle tenue portait Joe Rogan lors de leur récente interview. Le chatbot a su répondre avec précision, tandis que ChatGPT s'est contenté d'une réponse généraliste sur les goûts vestimentaires du podcasteur américain. D'après xAI, le chatbot est également capable de résoudre des problèmes mathématiques, ou encore de réaliser certaines tâches dans le domaine du codage. On peut évidemment s'interroger sur l'impact d'une base de données exclusivement issues de X, étant donné le nombre titanesque de fake news et de fausses informations qui pullulent sur la plateforme.
Autre point sur lequel se démarque Grok et qui risque de poser problème : son "humour" et son "ouverture d'esprit". Adepte du sarcasme, l'IA est conçue pour répondre aux questions controversées et sensibles, là ou Bard et ChatGPT prennent des précautions et refusent de se positionner. Sur le compte du propriétaire de X, le chatbot se moque ainsi de Sam Bankman-Fried, l'ex-patron de la bourse crypto FTX qui vient de perdre son procès. De même, lorsque l'utilisateur lui demande comment fabriquer de la cocaïne, Grok lui conseille de er un diplôme de chimiste avant de "mettre en place un laboratoire clandestin" et d'espérer ne pas se faire arrêter. Il conclut en rappelant que "fabriquer de la cocaïne est illégal et dangereux". Si la réponse prête effectivement à sourire, on peut toutefois se demander comment, en seulement quatre mois, les chercheurs ont pu poser des filtres efficaces sur l'IA générative – on se souvient tous des impressionnantes sorties de route de ChatGPT, de Bing Chat et de Bard à leurs débuts, alors que les entreprises avaient pourtant pris leurs précautions. C'est d'autant plus le cas lorsque l'on voit les informations douteuses qu'abrite le réseau social et lorsque l'on sait qu'Elon Musk se sert de ce dernier comme caisse de résonance pour partager sa propre vision politique. On craint le pire si Grok se met à donner son avis sur la situation avec Israël et le Hamas, sur les candidats à la primaire républicaine ou encore sur les mouvements LGBT…
Grok has real-time access to info via the platform, which is a massive advantage over other models.
— Elon Musk (@elonmusk) November 4, 2023
Its also based & loves sarcasm. I have no idea who could have guided it this way pic.twitter.com/e5OwuGvZ3Z
Notons que xAI a une grande ambition vis-à-vis de l'IA, puisqu'elle indique que, "actuellement, Grok n'a pas d'autres sens, comme la vision et l'ouïe. Pour mieux aider les utilisateurs, nous équiperons Grok de ces différents sens qui pourront permettre des applications plus larges, notamment des interactions". Voilà qui explique le changement de politique du réseau social en matière de collecte de données personnelles, ce dernier indiquant désormais pouvoir recueillir les données biométriques des utilisateurs avec leur accord (voir voir notre article).